Blogueurs : êtes-vous des journalistes des temps modernes ?


Il y a quelques années, les organisateurs du Salon du Livre de Paris ont fait grand bruit dans la blogosphère littéraire en refusant d'accorder des accréditations presse aux blogueurs pour couvrir le Salon. Une décision qui fait resurgir un vieux débat : celui du lien entre journalisme et blogging. Beaucoup de blogs fournissent un travail "de qualité journalistique" mais est-ce pour autant "du journalisme" ?

Journal et numérique

Pourquoi écrit-on ?

Pendant longtemps, la clé du paradis a été l'information. Un lecteur lambda ne pouvait compter QUE sur les journalistes pour obtenir des renseignements sur un sujet.

Aujourd'hui, l'information appartient à tout le monde et très souvent, ce ne sont d'ailleurs pas des journalistes qui la font émerger. J'ai vu ce mouvement se développer dans la presse people, où les grands sites américains ont commencé à demander à leurs lecteurs de leur envoyer des infos, parfois en proposant un paiement en échange si le "scoop" était digne d'intérêt.

Aujourd'hui, l'information jaillit par tous les canaux disponibles, presque en temps réel : on détecte la disparition d'un avion avec son appli FlightRadar avant même que la compagnie aérienne n'ait d'informations sur le problème. Quand un accident a eu lieu près de chez moi, l'information était sur Twitter avant même que les pompiers ne soient sur les lieux.

Ce n'est donc plus au niveau de l'information que s'établit une première différence entre blogging et journalisme... mais au niveau de ce qu'on en fait. Le journaliste va chercher à la vérifier et à aider les gens à lui donner un sens. Un blogueur, lui, n'a pas cette obligation d'analyse et de "mise en contexte". Personne ne le lui reprochera s'il ne le fait pas. C'est pour ça que les journalistes sont nécessaires.

Le mythe du journaliste objectif

J'ai souvent entendu dire que les blogueurs, eux, écrivaient des textes subjectifs là où le journaliste, lui, sait rester objectif, neutre, impartial.

Les journalistes le sont rarement. Ayant géré un site sur Michael Jackson, combien de fois ai-je reçu des messages de journalistes qui avaient "leur théorie" sur un sujet et n'en démordaient pas, même lorsque des témoignages et des faits apportaient un autre point de vue ? A mes yeux, ce qui compte n'est pas que le journaliste soit objectif mais que la vérification de l'information le soit. En d'autres termes, un journaliste a le droit de penser ce qu'il veut mais il doit aller au-delà de son opinion personnelle et rechercher la vérité pour fournir une information fiable, que ce soit à travers des témoignages, des faits, des analyses.

Ça me semble être la deuxième différence avec les blogueurs. Le blogueur, lui, peut s'arrêter au stade de l'opinion personnelle. Personne ne lui en voudra et, au contraire, en tant que lecteur, on aime sentir qu'il y a du vécu et une expérience réelle derrière une histoire. C'est d'ailleurs souvent pour ça qu'on se tourne vers un blog.

Une question de qualité ?

Si les frontières entre blogging et journalisme ne sont plus ce qu'elles étaient, c'est aussi selon moi parce que la qualité des uns et des autres a évolué.

Un blogging de plus en plus qualitatif

On trouve dans la blogosphère de vrais talents qui mènent un vrai travail d'information. D'ailleurs, beaucoup d'aspirants journalistes utilisent le blogging comme tremplin pour affûter leurs compétences d'écriture et s'exercer au reportage..

Certains blogueurs font preuve d'une rigueur très journalistique : donner sa véritable identité, chercher à vérifier les informations qu'ils fournissent, les étayer par des sources, présenter différents points de vue sur un même sujet, éviter les conflits d'intérêt et corriger ouvertement ses erreurs ou ses oublis.

De même, le blogueur n'est plus un adolescent enfermé dans sa chambre pour commenter un monde qu'il ne voit qu'à travers son petit écran. Les blogueurs sortent, échangent, vivent des expériences et s'en servent pour nourrir leurs articles, les complétant parfois par des recherches. Le journaliste américain David Broder avait poussé un coup de gueule à ce sujet en opposant le "journaliste qui va sur le terrain" au "blogueur qui reste assis devant son ordinateur". Ce n'est plus le cas aujourd'hui.

Cependant, il faut reconnaître que tous les blogueurs ne recherchent pas cette rigueur, que tous n'écrivent pas "dans l'intérêt général", que la blogosphère est davantage faite d'opinions que d'analyses.

Appareil photo et ordinateur portable

Des médias soumis à la pression de l'audience

Du côté du journalisme, les contraintes économiques sont énormes. Le recrutement s'en ressent parfois mais surtout, la course au scoop est devenue omniprésente : ce désir (besoin ?) irrépressible d'être le premier sur une info, de mettre son nom sur l'actualité à grand renfort d'exclusivités. Même les grands médias y cèdent, se tirant la bourre sur Twitter : à qui annoncera le premier le décès d'untel ? A qui drainera le flux d'internautes curieux par un titre percutant ? Cette course à l'audience les conduit parfois à sauter des étapes en matière de vérification de l'information.

Vous avez sûrement entendu parler de cette erreur de l'AFP qui a annoncé le décès de Martin Bouygues à tort ou, plus récemment, de la terrible méprise sur un homme, accusé à tort d'être le fugitif Xavier Dupont de Ligonnès.

Là où, pendant des années, on a construit l'image du journaliste comme un modèle de droiture, qui refuse le sensationnalisme et les stéréotypes... on a souvent l'impression, hélas, que ce portrait idyllique vole en éclats. Un exemple, entendu dans une émission suite au crash de l'Airbus de la Germanwings : "Andreas Lubitz, le copilote, était sportif, souriant, sans histoires... bref, un fantôme". S'il y a des gens sportifs, souriants et sans histoires parmi vous, attention, vous êtes suspects.

Pour autant, il y a toujours d'excellents journalistes qui vont être capables de mettre une information en contexte, d'aller interroger les bonnes personnes, d'aller bien au-delà des faits pour trouver des informations qui ne sont pas visibles en surface.

Conclusion

Il y a quelqu'un dont j'ai peu parlé dans cet article : le lecteur. Je crois que c'est lui qui a le pouvoir dans ce débat. Le lecteur, d'abord, a gagné en expertise : il ne se tourne pas toujours vers les journalistes quand il a besoin de lire une analyse fiable d'un sujet lui présentant différents points de vue. Bien souvent, il croise les sources, professionnelles ou non, pour en tirer sa propre analyse.

Le lecteur ne cherche plus seulement une information brute, vérifiée, mise en contexte. Il cherche aussi une opinion, une émotion parfois. Il s'informe mais il s'engage, aussi... et à ce titre, blogging et journalisme me paraissent très complémentaires.

Il y a de mauvais blogueurs et de mauvais journalistes. Il y a aussi d'excellents blogueurs et d'excellents journalistes. Mais la définition d'un "excellent blogueur" reste bien plus fluctuante que celle d'un excellent journaliste : on peut être un parfait leader d'opinion en n'ayant rien d'un journaliste... ou un parfait analyste sur un sujet, auquel cas on peut faire un travail qui se rapproche du journalisme.

Selon vous, le blogueur est-il un "journaliste des temps modernes" ?

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33 commentaires sur “Blogueurs : êtes-vous des journalistes des temps modernes ?
  • Jonathan

    Bonjour. J’ai beaucoup apprécié et appris. Je voulais savoir si les blogueurs peuvent utiliser la même carte de presse que les journalistes, merci.

    Répondre à Jonathan
    • Marlène

      Bonjour Jonathan, pour solliciter une carte de presse il faut remplir les conditions d’attribution : vivre de son activité, qui doit représenter plus de 50% des ressources perçues, l’exercer depuis au moins 3 mois de manière régulière et à titre d’activité principale, que les ressources ne proviennent pas de manière majoritaire de commissions d’ordre publicitaire et que l’activité soit exercée dans une agence de presse ou une entreprise de presse agréée.

      Beaucoup de blogueurs ne rentrent pas dans ces conditions : soit parce qu’il n’y a pas de société de presse établie pour soutenir leur activité, soit parce qu’ils tirent leurs revenus d’une monétisation basée sur l’affiliation/la publicité en ligne, soit parce que ce n’est pas leur source de revenus principale ou leur activité principale…

      D’autre part, la commission demande concrètement un CV (mentionnant une éventuelle formation journalistique, car c’est aussi un aspect pris en compte par la commission même s’il n’est pas indispensable), des bulletins de salaire ou certificats d’employeur prouvant qu’on a réalisé des piges pendant au moins 3 mois, la preuve que la rémunération respecte le barème de la Convention Collective des journalistes. Ce ne sont pas des pièces justificatives dont on dispose en général quand on tient un site « en solo » (même quand on s’est enregistré dans une activité dite « de presse »).

      Répondre à Marlène
  • Toute Ouïe

    Pour un événement tel le Salon du Livre, je trouve dommage de ne pas donner d’accréditations aux blogueurs. Certes, le Salon a peut-être déjà suffisamment de pub et ce n’est pas la peine d’abuser avec le blog mais justement l’intérêt d’un blogueur selon moi, c’est justement d’avoir un regard indépendant sur les choses, là où certains journalistes auraient sans doute des comptes à rendre à leur hiérarchie. ça dépoussière aussi un peu le mythe du Salon.

    Par ailleurs, plein de journalistes n’utilisent pas vraiment leur accréditation. Ils vont dire qu’ils sont allés à tel ou tel concert, écrire dessus, sauf que très vite on se rend compte qu’ils n’y ont pas mis les pieds. Si perso, j’ai une accréditation, je vais voir le show et j’en parle. Je ne parle pas d’une chose que je ne connais pas juste parce qu’on m’a demandé de le faire et malheureusement c’est souvent le cas (dans la presse musicale notamment)

    Répondre à Toute
    • Marlène

      J’avoue ne pas connaître les tenants et les aboutissants de la décision du Salon du Livre, je m’abstiens donc de juger. Changement d’équipe, excès de demandes, blogueurs qui « abusent » (ça existe aussi côté blogueurs, des gens qui s’engagent à relayer un événement et ne tiennent pas parole, malheureusement)… Peut-être aussi qu’un blogueur a tendance à ne parler que des auteurs qui l’intéressent là où un journaliste va proposer une couverture plus globale… Peut-être que pour des raisons d’économies, ils se disent que de toute façon, le blogueur viendra quand même…

      Après, je trouve comme toi que les blogs sont un véritable atout pour toucher un public que la presse traditionnelle ne touche pas forcément.

      Répondre à Marlène
  • LE PAON

    je pense que oui. Pour ma part je mène mes articles comme des enquêtes et j’adore ça. J’essaye de trouver des angles d’approches, d’apporter des chiffres, des preuves, des références, des faits à ce que j’avance histoire d’être crédible. Je vérifie mes sources et donne mon avis en essayant de ne pas fustiger ceux à quoi je n’adhère pas. J’aime bien jouer avec les mots et mettre une pointe d’humour sinon ce n’est pas drôle. Un article bien fait est bien documenté a mon sens on doit sentir que la personne maîtrise sans avoir l’impression de lire « le monde » ou autre.

    Répondre à LE
    • Marlène

      Je suis plutôt d’accord avec toi mais je rejoins aussi d’autres participants à ce débat quand ils soulignaient que le blogueur a la liberté d’adopter cette approche documentée ou pas. Je pense que certains blogs fonctionnent très bien sans avoir nécessairement une vision journalistique d’un sujet…

      Répondre à Marlène
  • Bernieshoot

    Dans une approche d’analyse et d’écriture professionnelle la frontière n’existe pas vraiment entre journaliste et blogueur. C’est l’angle de l’article qui donne du sens au contenu et qui va en faire une référence ou pas.
    La différence pour moi se situe au niveau de la liberté de plume qui est plus grande chez un blogueur avec les risques que cela comportent.
    Le lecteur a tout a y gagner dès l’instant qu’il a une lecture critique du sujet.

    Répondre à Bernieshoot
    • Marlène

      Merci de ton commentaire Bernie, je suis tout à fait d’accord avec toi sur la notion de « liberté ». Sur un blog, on sert finalement ses propres intérêts, quels qu’ils soient (se faire plaisir, faire plaisir à ses lecteurs, faire du business, etc) alors qu’un journaliste travaillant pour un média sert les intérêts du média…

      Répondre à Marlène
  • Melgane

    Je ne pense pas que les blogueurs soient des journalistes. Et je comprends que le Salon du livre ait refusé les accréditations. Il ne faut pas oublier que les journalistes (dans la grande majorité des cas) ont fait des études (Hypokhâgne, Science Po, Ecole de Journalisme, Ecole de Géopolitique, que sais-je) et donc qu’ils ont appris leur métier, appris à traiter l’information. Je vais prendre l’exemple de Jean-Marc Morandini dans Le Grand Direct sur Europe1 ou de Pierre de Vilno dans Europe1 midi : quand ils chaperonnent un débat ils mettent en difficulté l’un et l’autre des interlocuteurs, ils ne prennent pas parti. Ça à l’air simple dit comme ça, mais en réalité c’est difficile de pousser dans ses retranchements quelqu’un avec qui on est d’accord. Les blogueurs peuvent proposer des analyses mais à mon avis, même si elles peuvent être de bonne qualité, elles ne pourront pas être aussi poussées que celles des journalistes parce que précisément ils ont fait des études pour ça, donc sont capables de remettre en contexte, de s’appuyer sur des exemples précis, etc. Maintenant c’est vrai aussi qu’il y a de mauvais journalistes, et des blogueurs très bons. Mais je crois que la tendance générale c’est plutôt que le blogueur donne son opinion (y compris au travers d’une analyse puisqu’une analyse est basée sur des exemples choisis) alors que le journaliste essaye de présenter plusieurs façons de voir les choses pour que le lecteur se fasse son avis. Par exemple le mois dernier dans National Geographic il y avait un article sur le cannabis. Les points positifs comme négatifs étaient abordés, et on ne savait pas ce que le journaliste pensait. Alors qu’un blogueur peut présenter les points positifs et atténuer les négatifs là où un journaliste n’est pas censé faire ça.

    Répondre à Melgane
    • La fille de l'encre

      On peut être blogueur, avoir fait Khâgne, sans pour autant une carte de presse :)
      Les mecs de BFM qui relaient de l’actualité sans l’avoir vérifié ont une carte de presse et sont journalistes et pourtant, ils sont bien plus mauvais que bons nombres de blogueurs …
      Je suis d’accord que les journalistes se doivent d’être objectifs mais c’est de moins en moins le cas.

      Répondre à La
    • Melgane

      Oui oui bien sûr !
      Bien sûr je fais des généralités et comme je le disais il y a de bons blogueurs et de mauvais journalistes.
      Si c’est de moins en moins le cas je crois que c’est pour une grande partie imputable au fait que l’on veut l’information tout de suite maintenant dans la seconde et qu’on ne prend pas le temps de la traiter comme il faut. Du coup l’on pourrait dire que le public est en partie responsable.

      Répondre à Melgane
    • Marlène

      Sur la forme, je rejoins La fille de l’encre car :
      – un journaliste peut être journaliste sans avoir fait d’études, je pense à beaucoup de sites web « pure players » qui recrutent avant tout des « plumes » qui ont une certaine connaissance d’un sujet sans forcément chercher des gens qui ont fait des études de journalisme.
      – un blogueur peut avoir fait une prépa voire des études de journalisme sans pour autant exercer comme journaliste professionnel ou se présenter sous cet angle sur son blog.

      Je ne sais plus quel âge tu as Melgane mais ta vision des choses me rappelle celle que j’avais avant d’entrer dans la vie active (ne le prends pas comme quelque chose de péjoratif surtout !). Quand on est au lycée ou à la fac, on s’imagine qu’il faut absolument avoir fait telle ou telle formation pour exercer tel ou tel métier, que tout est cloisonné et que sans telle école, tu manqueras des compétences indispensables pour faire tel métier… La réalité est plus souple même si, en France, les recruteurs restent attachés au « diplôme ».

      Une école te poussera à être curieuse, te donnera éventuellement une structure qui t’évitera de perdre du temps avec certaines « erreurs de débutant », tout simplement parce que tu y bénéficieras de l’expérience de personnes plus âgées que toi. Une école peut aussi te permettre de faire des stages, difficiles à obtenir « hors contexte ». Mais je crois qu’elle ne remplace pas l’expérience que l’on peut se forger sur le terrain. On peut tout à fait, à mon sens, apprendre à interviewer quelqu’un via son blog et devenir excellent dans cet exercice sans pour autant être passé par une école. De même, si on prend le temps d’écouter des gens qui ont de l’expérience, de solliciter leurs conseils, on apprend beaucoup.

      Pour réagir aussi sur le fond à ce que tu dis, un journaliste n’est effectivement pas censé être partial… sauf que la réalité ne me semble pas aussi évidente, en partie à cause de la dépendance économique de la presse aux marques… et de la course à l’audience où, aujourd’hui, il faut « faire du clic » plus qu’une belle analyse (je parle du web).

      Je cite par exemple ce que m’avait dit Enguérand Renault du Figaro pour une interview : « Sur le web, lorsque l’on titre un article, on ne le fait pas de la même façon que sur le papier : on titre pour être référencé par Google ». Il disait aussi : « L’écriture n’est tout simplement pas la même : l’une est dirigée par le moteur de recherche (= sur le web), l’autre par l’information (= presse papier) ».

      Répondre à Marlène
    • Melgane

      Je sais bien qu’il y a des journalistes qui ont appris sur le tas, et il me semble que je l’ai dit dans mon commentaire d’ailleurs. Le problème de ce commentaire c’est que j’ai beaucoup généralisé mais que, évidemment, les choses sont plus compliquées.
      Sur la partialité des journalistes je dirais que ça dépend aussi des chaînes/stations/rédactions, comme pour tout on ne peut pas généraliser (dit celle qui a fait exactement le contraire dans son premier commentaire xD). Et ce que tu dis sur le référencement ne me surprend absolument pas ! Sur les sites, les articles d’interview sont titrées avec des extraits qui donnent envie de cliquer, complètement hors contexte, et quand on lit l’interview on se rend compte que ce n’était rien d’extraordinaire.

      Répondre à Melgane
    • Marlène

      C’est vrai, ça joue à fond sur notre curiosité ou nos émotions pour donner envie de connaître la suite et elle est parfois décevante :) Je pense comme toi que certains médias restent plus « qualitatifs » que d’autres sur le plan journalistique, je ne pense pas que Le Monde Diplomatique recrute le premier venu qui sait écrire par exemple…

      Répondre à Marlène
  • Miss Blemish

    Je crois que cela dépend grandement de la ligne éditoriale du blog en question car tous les thèmes n’appellent pas à des recherches exhaustives et des comparaisons d’opinions (une recette de cuisine par exemple…). Il existe une grande variété de types de blogs mais pour ceux et celles qui se sont pris au jeu, qui ont à coeur de faire les choses en accord avec valeurs et principes qu’ils se sont fixés et qui sont rapport avec leur ligne éditoriale, il en résulte des blogs de grande qualité en terme de contenu, de régularité, de sérieux, de visuels et de communication. On trouve sur de nombreux blogs une rigueur professionnelle là où bien souvent les personnes qui les tiennent n’en vivent pas associée à une proximité et c’est là que se tient la différence entre blogging et journalisme pour moi : les blogueurs sont des autodidactes, des personnes « lambda » dont on est plus susceptibles de se sentir proches, de s’identifier que de journalistes qui font leur métier et adoptent un ton supposé neutre qui ne les engage pas en tant que personne mais en tant que professionnel. J’aime que les deux existent car je crois que l’on ne trouve pas la même information chez chacun, chez le blogueur c’est une information dans un contexte – comme lorsqu’une personnalité s’exprime sur un sujet d’actualité – on recherche son analyse personnelle qu’il présente après avoir exposé la situation et les différentes thèses en place alors que le journaliste reste plus anonyme et factuel dans ses articles. On ne suit pas un journaliste mais un magazine alors que l’on suit un blog pour la personne qui l’anime.

    Merci pour cet article super intéressant !

    Répondre à Miss
    • Marlène

      Merci de ton commentaire ! Tu mets le doigt sur quelque chose de très intéressant quand tu dis que les écrits du blogueur l’engagent en tant que personne vs. le journaliste qu’ils engagent en tant que professionnel.

      Et en même temps, je me dis que certains journalistes accèdent justement à cette dimension personnelle, sont suivis pour leurs écrits propres. Par exemple, j’aime bien lire Linda Deutsch de l’Associated Press sur des sujets juridiques, je sais qu’elle est fiable et rigoureuse, Enguérand Renault du Figaro sur les sujets médias, etc. Je crois que certains, par leur sérieux, se construisent une véritable notoriété en leur nom propre indépendamment du support pour lequel ils travaillent, si prestigieux soit-il.

      De même, la neutralité me semble souvent être une façade chez les journalistes. Quand on maîtrise très bien un sujet, on réalise qu’un article « en apparence neutre » peut en réalité être très biaisé dans le choix des témoins interrogés par exemple, le choix des faits mis en avant. Je l’ai déjà remarqué sur 2-3 sujets donc je me dis que ça doit arriver sur de nombreux thèmes et que je n’ai simplement pas la culture nécessaire pour en prendre conscience à chaque fois…

      Répondre à Marlène
  • Alex

    Jusqu’à maintenant je n’aurais pas su faire la différence entre blogging et journalisme mais la fille de l’encre l’a souligné en commentaire, dans le journalisme il y a toujours « l’actualité ».
    En temps que blogueuse il me tenait à coeur de ne JAMAIS faire référence à l’actualité. Ce n’est vraiment pas mon truc… Et en y réfléchissant bien je n’aimerais pas du tout être journaliste, rien que l’idée de devoir vérifier les informations et noter les sources me rebute !

    L’intérêt du blogging en temps que lecteur est vraiment de trouver un blog qui corresponde parfaitement à nos propres valeurs. A partir de là, la confiance est établie et le lecteur s’imbibe des expériences du blogueur à travers sa subjectivité. Au delà de ça il y a bien sûr le lecteur curieux, en quête de nouveaux point de vue pour les confronter aux siens et se faire sa propre opinion (je ne suis pas ce genre de lecteur donc je ne pourrais pas en dire plus).

    Répondre à Alex
    • Marlène

      C’est vrai qu’en fin de compte, le blogueur a le choix d’exploiter ou non l’actualité comme source d’inspiration. Certains le font, d’autres moins, d’autres pas du tout mais le choix existe.

      S’appuyer sur l’actualité peut aussi devenir une véritable contrainte quand on est seul derrière son blog dans le sens où on ne peut pas « tout suivre » avec rigueur. Quand on commence à le faire, ça crée une attente chez le lecteur et derrière, pas facile de « décrocher » de son blog sans créer des déceptions. C’est vraiment une autre approche du blogging.

      Répondre à Marlène
  • la fille de l'encre

    J’ai toujours eu beaucoup de respect pour les journalistes et ça reste le cas … avec certains mais lorsque l’on voit comment l’information est traitée parfois, notamment par les chaines d’info en continu, on se demande où est l’objectivité mais aussi l’intérêt.
    La course au scoop a bien souvent pris la place de l’information étayée et vérifiée.
    Je pense que le blogueur a cette chance d’avoir plus de temps pour analyser les contenus et écrire dessus, contrairement aux journalistes, qui doivent travailler de plus en plus vite et pour certains, le font très mal.
    Maintenant, je ne comprends pas bien la réaction du Salon du livre qui se referme sur lui-même alors que les livres sont le vecteur le plus important de l’ouverture aux autres.
    Encore une démonstration de l’élitisme de certains domaines très parisiens …
    Billet très intéressant en tout cas ;)

    Répondre à la
    • Marlène

      Peut-être qu’il y a aussi de la part des professionnels une vraie difficulté à évaluer l’influence d’un blog et son intérêt dans une stratégie de communication…

      Répondre à Marlène
  • Yoann

    Sujet très interressant,

    Je pense que pour ma part, même ce sont deux mondes différents je pense que le blogging est en train de faire concurrence au journalisme.

    D’une part car le blogging a énormément évoluer au début de ces dernières années le faisant passer de la case de petit blog perso genre « skyblog » ou les ados racontent leurs vie a carrément un média leader d’opinion à part entière ou les avis sont certes subjectif mais ou il reflètent la plupart du temps l’expérience d’une personne sur un sujet, son expertise honnête pour la plupart des bloguer ainsi que le fait de pouvoir interagir et partager avec le bloguer sont des avantages indéniables qui penchent en sa faveur contrairement à la structure journalistique qui est plus impersonnelle.

    De plus le bloguer n’a pas les obligations de faire du chiffre à tout prix et de la pression de certains lobbys qui est pour moi un plus indéniable. D’ailleurs, quand je veux une information sur un sujet bien précis ( bourse, alimentation, et … blogging ;) ) je me tourne plus facilement vers les blogger qui on le plus souvent une expérience de terrain et un vrai contact que vers la presse spécialisé.

    Même si je trouve que le blogging souffre encore de sa réputation ( injustifié ) de délire pour ado boutonneux ( j’ai essuyé quelques moqueries de la part de ma famille quand j’ai dit que je me lancé dans le blogging) je ne me fait aucun soucis pour son avenir :)

    Yoann

    Répondre à Yoann
    • Marlène

      Je suis d’accord avec toi, notamment sur le côté impersonnel du journalisme. J’ai naturellement tendance, par désir de protéger ma vie privée, à avoir une écriture assez impersonnelle… et je constate que les articles qui « marchent le mieux » sont quand même ceux où je donne mon avis, où j’exprime un point de vue davantage tourné vers l’émotion.

      Ce que tu dis sur la réputation du blogging disparaît heureusement de plus en plus. J’ai changé de job récemment et mon blog est le sujet qui a été le plus discuté pendant mes entretiens d’embauche, preuve s’il en est que ça peut être un vrai atout. Pour ma part, ce qui intrigue et « dérange » le plus mes proches, c’est le rapport « gain-investissement ». Ils ne voient pas bien à quoi ça sert de passer autant de temps à créer ce type de support d’expression si on ne gagne pas d’argent avec ^^

      Répondre à Marlène
  • gwen

    Moi non plus je ne trouve pas que les blogueurs deviennent des journalistes. Après cela depend sûrement des thématiques des blogs. Pour moi le blogging est un moyen pour partager son avis ses emotions et ses opinions alors que comme tu le dis justement un journaliste donne une info de manière impartiale. Je pense que les 2 peuvent neanmoins cohabiter sur des événements car ils en auront une approche différente et de fait retranscrirons l’information de manieres complémentaires

    Répondre à gwen
    • Marlène

      Justement je disais dans l’article que je trouvais au contraire que l’impartialité du journaliste ne me semblait plus si évidente… Un journaliste soumis à la pression des audiences et des marques peut-il être impartial ? Je ne crois pas… mais ça ne reste que mon avis, basé sur ce que j’ai vu :)

      Répondre à Marlène
  • Milie

    J’espère que non…
    Je veux garder ma liberté et ma subjectivité ;)

    Répondre à Milie
    • Marlène

      J’ai l’impression qu’un blogueur a encore ce choix : celui d’avoir une liberté de ton, de monétiser ou pas, de s’adresser au plus grand nombre ou pas… Espérons que ça dure car j’ai l’impression que plus le blogging se développe plus on va justement vers un certain style commun…

      Répondre à Marlène
  • Ludo

    Pour ma part, en tout cas dans mon cas, je ne trouve pas dû que je fait la même chose qu’un journaliste…
    Je ne fait que donné mon avis et mes impressions, je ne donne pas de faits :)
    Je pense que j’aurais demander l’accréditation pour pouvoir faire un article mais si on me l’aurais refusé j’aurais tout à fait compris, il faut faire la part des choses…

    Répondre à Ludo
    • Marlène

      Mais ne crois-tu pas qu’un journaliste qui fait des critiques de films, pièces de théâtre, livres ne donne pas son avis de la même manière qu’un blogueur culture peut le faire ?

      Répondre à Marlène
    • Ludo

      Oui, vu comme ça, tu a peut-être raison…
      Beau débat, tu me donne du grain à moudre :-)

      Répondre à Ludo
  • AmandineDismoimedia

    Le blogging a aujourd’hui atteint une certaine maturité capable de rivaliser avec le journalisme. Il partage les mêmes qualités et les mêmes défauts : marques intrusives et partenariats cachés ou analyses poussées.
    Si les associations veillant à l’honnêteté des journalistes n’avaient pas faillit les entreprises amateurs n’auraient pas eu une si grande importance. L’essor de l’un ne vient que combler les défaillances de l’autre. Reste que certains bloggeurs héritent des tics de la presse.

    Répondre à AmandineDismoimedia
    • Marlène

      J’ai tendance à penser que l’essor des blogs est aussi lié au fait que beaucoup de médias ont mis du temps à prendre le virage du web… et quand ils l’ont pris, se sont lancés dans une course à l’audience qui passe par un certain « lissage » de l’écriture.

      On écrit pour que ce soit très lu, quitte à ne pas approfondir ses analyses et quitte à miser parfois sur des « informations » qui ne mériteraient pas une si grande mise en avant (je pense à pas mal de faits divers « mineurs »). Le blog, à sa manière, peut se permettre d’être pointu, d’avoir un style qui n’est pas « lissé » pour plaire au plus grand nombre. Ou pour servir les intérêts d’un annonceur. Enfin, ça c’est la théorie car comme tu le dis, en atteignant l’âge de la maturité il perd un peu de cet esprit…

      Répondre à Marlène
  • prettylittletruth

    BIen d’accord avec toi, entre blogueur et journaliste, la frontiere est de plus en plus mince :)

    Répondre à prettylittletruth
    • Marlène

      Oui et j’ai l’impression que ça ne va pas changer, quand on voit à quel point la blogosphère se professionnalise et gagne en qualité au fil du temps !

      Répondre à Marlène


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